La Namibie est un pays immense et aride. Le désert domine la majorité de son territoire mais revêt des formes étonnamment variées. On traverse tour à tour des dunes de sable orangé qui semblent s’enflammer au coucher du soleil, des immenses étendues rocailleuses dans une infinie palette de couleurs, des montagnes rouges dignes des paysages de Far West, de vastes plaines où les herbes jaunies ondoient sous le vent, des paysages lunaires surréalistes et de gigantesques dunes blondes qui se jettent dans l’océan… Le désert se fait parfois hostile, affichant des paysages désolés où aucune forme de vie ne semble exister et souvent doux et miraculeusement plein de vie d’une faune et d’une flore qui ont su s’adapter à ces conditions pourtant extrême.

Serra Cafema

Pas un simple voyage mais un tournage !

 

C’est dans un cadre bien particulier que nous revenons en Namibie cette fois-ci (pour voir l’itinéraire de notre premier road-trip en famille en Namibie, rendez-vous sur cet article).

Je collabore depuis longtemps avec le groupe Wilderness Safaris que j’admire énormément (voir mon article sur notre voyage au Botswana). C’est une société à l’éthique irréprochable qui regroupe une quarantaine de lodges en Afrique australe (Namibie, Botswana, Zimbabwe, Zambie). Les emplacements sont toujours incroyables, privilégiant des concessions privées dans un cadre totalement sauvage et préservé. A chaque fois, les lodges sont gérés en collaboration avec les communautés locales et dans le respect de ce si précieux environnement. Bref, c’est du tourisme de luxe mais c’est en réalité bien plus que ça !

Il y a quelques mois, une responsable de Wilderness Safaris me contacte pour me proposer de nous inviter 2 semaines en Namibie, Diego et moi, afin de participer au tournage de leur prochain film marketing. Ils ont en effet besoin d’un couple de clients « modèles » qui accepte de se faire filmer et ils ont pensé à nous ! Autant vous dire qu’on n’a pas réfléchi très longtemps et on a vite accepté cette proposition en or ! Si vous voulez voir le film qui a été fait suite à ce voyage, voici le lien: https://www.youtube.com/watch?v=KFA-hG9nHMU&feature=youtu.be

 

Tournage Namibie

 

Bref, nous voilà parti sur les routes de Namibie avec une équipe de choc : Warren Smart, un caméraman ultra talentueux, créatif et engagé (voir son site ici), Charles Gaingob notre guide Namibien qui connait ce pays comme sa poche et Caroline Culbert, responsable marketing de Wilderness Safaris qui chapeaute ce projet de main de maître. Nous allons passer avec eux 2 semaines incroyables et intenses. J’ajouterai le lien de la vidéo de cette aventure dès qu’elle sera sortie. En attendant voici mon récit et en fin d’article, des photos du « making of du film »…

 

Les dunes rouges de Sossusvlei et le luxe inouï de Little Kulala Camp

 

Notre première étape est le coeur du désert du Namib et les paysages mythiques de Sossusvlei. Il y a 2 ans, nous campions dans ce désert mais cette fois-ci, nous sommes installés comme des rois à l’incroyable Litlle Kulala Camp: des bungalows magnifiques, avec piscine privée, terrasse sur le toit et lit pour dormir à la belle étoile. Comme un rêve surgit au milieu du désert…

 

Little Kulala

Little Kulala
Little Kulala
Little Kulala
Little Kulala

Premier réveil aux aurores (d’une longue série d’ailleurs) pour rejoindre la montgolfière de Namib Sky qui survole les dunes au lever du soleil. L’expérience est tout aussi magique qu’il y a 2 ans (voir mon article ici). Le silence est total et après quelques minutes le soleil surgit à l’horizon. Ce sont les vents qui décident du trajet du ballon. Cette fois-ci, nous sommes chanceux car ils nous emmènent tout près des majestueuses dunes. Leur couleur change de minute en minute et de beige rosé, elles passent à une flamboyante palette de rouge orangé quand le soleil les éclaire. Warren ne rate pas une miette de ce spectacle enchanteur. Ce sont nos premiers pas devant cette caméra qu’il faut évidemment prétendre ne pas voir. Pas toujours évident mais on finira très vite par l’oublier totalement…

Le vol se termine par un petit déjeuner gargantuesque dressé dans le désert où on sabre le champagne en profitant du privilège immense de ce cadre irréel.

Montgolfière Namibie
Montgolfière Namibie
Montgolfière Namibie
Montgolfière Namibie

Alors que la plupart des voyageurs se rendent à Dead Vlei à l’aube pour éviter les grosses chaleurs, nous décidons, sur un coup de folie, d’y aller en pleine après-midi. Le but est de profiter de l’endroit sans trop de touristes et c’est plutôt réussi puisque nous y sommes absolument seuls ! C’est inespéré d’avoir rien que pour nous cet endroit emblématique du pays. L’étendue blanche de ce vlei cernée de dunes orangées est impressionnante. Des arbres multi-centenaires s’y dressent, pétrifiés pour l’éternité par la sécheresse extrême. On se sent tout petits face à ces géants du passé.

 

Sossusvlei

Sossusvlei
Sossusvlei
Sossusvlei
Sossusvlei

Warren s’éclate en filmant la texture des arbres, les vagues formées par le vent dans le sable et les incroyables contrastes entre le blanc du sol, l’orange des dunes et le bleu du ciel. Il n’a pas pris son drone puisque c’est totalement interdit dans les parcs nationaux namibiens mais le regrette amèrement parce qu’on est seuls au monde… L’heure avance, la lumière change, il est temps de rentrer. En principe, on doit être sortis du parc avant le coucher du soleil. Mais Wilderness Safaris a une entrée privée et Charles, notre guide, nous autorise une petite prolongation. Au moment où le soleil se couche sur le désert, un oryx vient nous saluer du haut d’une dune… C’est lui le maître de cet univers.

Sossusvlei
Sossusvlei
Little Kulala
Sossusvlei
Sossusvlei en pratique :

 

La Skeleton Coast : colonie de phoques et lions du désert

 

Après une nuit d’étape à Swakopmunde, nous roulons plusieurs heures avant d’arriver dans le parc national de la Skeleton Coast. L’entrée est marquée par un gigantesque portail flanqué de têtes de mort… Nous voilà prévenu ! Le ciel est couvert et les paysages qui s’étendent devant nous sont d’une incroyable hostilité. Des étendues infinies de terre sablonneuse grise, pas une seule plante, pas un grain d’herbe et en apparence pas un seul animal ne semble vivre ici… La région s’étend sur plus de 2 millions d’hectares de dunes et de plaines caillouteuses qui forment l’un des territoires les plus inhospitaliers sur terre. Un paysage de fin du monde que les portugais appelait « les sables de l’enfer » et qui a d’ailleurs servi de décor naturel au dernier Mad Max.

 

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast
Hoanib Skeleton Coast
Hoanib Skeleton Coast
Hoanib Skeleton Coast

Après plusieurs heures de route, nous arrivons à l’océan. Les plages de galets sont occupées par une immense colonie de phoques qui se prélassent sous le soleil qui est réapparu. Au loin des épaves de bateaux égrènent le bord de mer depuis des décennies. C’est d’ailleurs ces nombreux naufrages qui ont donné le nom de «Côte des Squelettes» à cette région depuis le livre de John Henry Marsh en 1944.

L’absence de vie dans ce désert n’est bien sûr qu’une illusion. Les animaux sont nombreux à évoluer dans ces étendues hostiles. Des chacals, antilopes et flamants roses se retrouvent le long des quelques bassins marécageux. Des lions se sont également adaptés à ces conditions extrêmes et arrivent parfois sur la plage pour chasser les phoques. Nous ne les y avons pas vu mais cette vision doit être surréaliste.

Le Dr Philip Stander s’est installé sur cette terre inhospitalière et a dédié sa vie à l’étude et la protection de cette petite population unique au monde de lions du désert. Contrairement aux lions de savane, ces lions peuvent survivre des mois entiers sans boire d’eau. Ils trouvent l’hydratation nécéssaire dans le sang et les chairs des proies qu’ils tuent. Ils se déplacent énormément et peuvent parcourir des centaines de kilomètres. Le plus grand danger pour eux est la confrontation avec l’homme. Ils se rendent parfois près des villages et attaquent les troupeaux. En représailles, de nombreux lions se sont faits piéger par des morceaux de viande empoisonnée. Le Dr Stander et ses équipes travaillent énormément à l’éducation des populations locales et tentent de trouver des solutions pour une cohabitation pacifique.

Si l’histoire de ces lions du désert vous intéresse, vous pouvez visionner les superbes documentaires « Vanishing Kings » (1 et 2).

Wilderness Safari chouchoute ses clients et nous découvrons une table dressée par miracle sur la plage pour un déjeuner improvisé. Nous rejoignons ensuite une piste d’atterrissage irréelle où nous attend un petit avion qui nous emmène en 15 minutes à l’incroyable Hoanib Skeleton Coast Camp.

 

Hoanib Skeleton Coast Camp, un lodge surréaliste et un désert plein de vie

C’est un lodge incroyable que nous découvrons ! Des tentes de safari classiques aux formes futuristes, un luxe inouï, un calme absolu et une vue à couper le souffle…

 

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast
Hoanib nature 12
Hoanib Skeleton Coast
Hoanib Skeleton Coast

Les paysages que nous croisons autour du lodge sont difficiles à décrire tant ils sont variés. Nous traversons des zones où on se croirait réellement sur la lune. Viennent ensuite des paysages plus doux jusqu’au lit asséché de la rivière Hoanib, véritable coeur de la vie dans ce désert. Il se passe parfois des années sans que le lit de cette rivière ne soit inondé. Pourtant des nappes souterraines permettent à la végétation d’y prendre racines. On y retrouve quelques acacias et de la sauge sauvage mais surtout les arbres appelés « Ana Trees » (Faidherbia albida) qui portent des fruits à la valeur nutritive très élevée. C’est la principale source d’alimentation des éléphants du désert. Tout comme les lions, des éléphants se sont adaptés à ces conditions extrêmement arides. Ils sont un peu plus «menus» que que leurs cousins de la savane, parcourent des distances énormes et consomment un large éventail de végétaux pour arriver à subvenir à leurs besoins, dont énormément de « Ana pods ». Alors que les éléphants de la savane détruisent allégrement un arbre pour consommer les feuilles d’une branche qui les intéresse, les éléphants adaptés du désert connaissent intuitivement la rareté de la végétation de leur environnement et ne détruisent aucun arbre. On les voit souvent étirer très haut leurs trompes pour attraper délicatement un fruit sans jamais casser une seule branche.

 

Hoanib Skeleton Coast

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Dans ce lit de rivière asséchée, on croise également des girafes qui descendent majestueusement des dunes, des oryx et toutes sortes d’antilopes.

Le dernier jours, nous avons la chance inouïe de tomber sur les fameux lions du désert. Deux lionnes, le ventre bien rempli de leur chasse de la nuit, se reposent paresseusement à l’ombre de grands rochers.

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast

Hoanib Skeleton Coast
Hoanib Skeleton Coast
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Swakopmund et Skeleton Coast en pratique
  • Swakopmund : Bonne guesthouse à conseiller : Driftwood Guesthouse
  • Pour voir les colonies de phoques sans aller sur la Skeleton Coast, vous pouvez aussi vous rendre à Walvis Bay où nous nous étions arrêtés il y a 2 ans (voir mon article « Pelican Point Lodge ») et vous pouvez d’ailleurs aussi participer à une journée de 4×4 dans les dunes qui longent l’océan jusqu’à Sandwich Harbour où on retrouve des paysages assez similaires à ceux qu’on peut trouver quand on remonte la Skeleton Coast vers l’Angola (voir mon article sur « Sandwich Harbour »).
  • Le Skeleton Coast National Park est accessible en self drive mais mieux vaut être très bien équipés (4×4, vivres, eau, essence, roues de secours…) et y aller en convoi parce qu’il n’y a rien du tout et on ne croise personne… Pas de visite à la journée, on doit y camper dans un des 2 seuls campsites du parc (ouverts certains mois seulement par an) et après avoir obtenu un permis spécial auprès d’un bureau de Windhoek. Bref, très très peu de gens s’y rendent ! Personnellement, ce n’est pas l’endroit qui m’a le plus plu. Les paysages sont impressionnants mais réellement hostiles et je préfère quelque chose de plus doux. Survoler la côte en petit avion doit être cependant magnifique ! Quand on s’enfonce dans les terres en traversant les grandes dunes puis en suivant le lit de la rivière asséchée Hoanib, les paysages deviennent plus variés et la faune nettement plus visible. On peut rejoindre cette partie en passant par le village de Sesfontein mais ici aussi, il s’agit vraiment de terrains de jeux pour des aventuriers très avertis et hyper équipés.
  • Pour voir ces endroits incroyables en profitant de tout le confort et le service d’un lodge magnifique, je vous conseille de rester comme nous quelques nuit au Hoanib Skeleton Coast Camp de Wilderness Safaris.

Desert Rhino Camp, les montagnes de Palmwag et le safari à pied à la recherche des rhinocéros noirs

 

Nous poursuivons notre route dans le Damaraland et arrivons dans la région de Palmwag. Des paysages de Far West s’étalent devant nous : vastes plaines à la végétation typique du désert et collines rouges en toile de fond. C’est le siège du Save the Rhino Trust soutenu par Wilderness Safaris qui lutte pour la protection des rhinocéros noirs du désert. Des trackeurs partent tous les matins repérer les rhinos, notent leurs déplacements, leurs caractéristiques, leurs habitudes…. Toutes ces infos sont ensuite centralisées et analysées dans une gigantesque base de données pour mieux comprendre et protéger du braconnage cette espèce en danger. Il faut savoir que le Damaraland est l’une des dernières régions d’Afrique où les animaux sauvages (rhinos, lions, éléphants, girafes, zèbres..) évoluent en totale liberté hors des limites d’un parc national ou d’une réserve protégée. Le travail de cette fondation est exemplaire et la population de rhinocéros présents dans la région connait le plus haut taux d’accroissement d’Afrique.

 

Desert Rhino Camp

Desert Rhino Camp

 

Nous avons la chance d’accompagner un matin ces trackeurs. Un rhinocéros noir a été repéré. C’est un jeune mâle qui se retrouve sans sa mère pour la première fois et les trackeurs sont très intéressés de voir comment il va réagir. On arrête la voiture et continue le chemin à pied. Les rhinocéros noirs sont connus pour être beaucoup plus peureux que les rhinocéros blancs. Ils s’enfuient au premier signe de présence. Leur vision est très mauvaise mais leur odorat excellent. On s’avance donc de manière à ce que le vent ne porte pas notre odeur jusqu’à eux. Au final, ce n’est pas un mais 4 rhinocéros qu’on pourra observer au cours de la journée. Sur le chemin du retour, on tombe également sur un groupe de lionnes du désert. Décidément, c’est notre jour de chance!

Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp

Desert Rhino Camp

 

Le Desert Rhino Camp où nous logeons est un lodge dans le plus pur style safari. Plus vieillot que les 2 autres que nous avons visités, les tentes sont cependant très confortables. Pour la plupart de ces lodges, Wilderness Safaris collabore avec les communautés locales qui sont impliquées dans la gestion du lodge et composent l’essentiel de son personnel. C’est un travail de longue haleine de former ces équipes à recevoir une exigeante clientèle internationale alors que la plupart de ces gens ont à peine terminé leur scolarité. Quand le soir venu, les membres du staff nous accueillent avec des chansons traditionnelles pour un diner aux lanternes en plein milieu du bush et qu’ils nous exposent fièrement dans un anglais parfait le menu ainsi que tous les vins et leurs accords subtils avec les plats proposés, on se rend compte du chemin parcouru et de l’immense valeur ajoutée de ce travail pour la région.

 

Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp

En quittant le lodge, nous nous arrêtons dans un petit village dont sont d’ailleurs issus plusieurs membres du personnel. C’est l’heure de la sortie de la petite école maternelle et on est entouré par une foule d’enfants adorables et pas du tout intimidés qui veulent tour à tour venir dans nos bras, nous donner la main ou caresser mes cheveux. Quelques éléphants s’approchent du village et viennent puiser de l’eau dans les réserves. La vie ici est décidément à 1000 lieues de celle que nous connaissons…

 

Desert Rhino Camp

Desert Rhino Camp

Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp
Desert Rhino Camp

 

Palmwag et Damaraland en pratique
  • Contrairement à la Skeleton Coast, le Damaraland est une région qui se parcourt en self-drive assez facilement. Il y a de très beaux campsites (voir nos coups de coeur dans cet article consacré au « Camping en Namibie ») et plusieurs lodges magnifiques (à part ceux de Wilderness Safaris, je vous conseille aussi le Grootberg Lodge, le Mowani Mountain Camp et le Camp Kipwe). Le massif de granit rose du Brandberg et les peintures rupestres de Twyfelfontein sont 2 des immanquables de la région.
  • Pour rencontrer les trackeurs et partir avec eux à pied à la recherche des rhinocéros noirs du désert, logez comme nous au Desert Rhino Camp de Wilderness Safaris.

Serra Cafema, au coeur du sauvage Kaokoland, territoire des himbas…

 

C’est en petit avion que nous rejoignons la dernière étape de ce fabuleux voyage. Serra Cafema se mérite et c’est après 1h de secousses dans un petit avion surchauffé que nous arrivons dans la vallée d’Hartmann, au coeur du Kaokoland (appelé aussi Kaokoveld), territoire vierge où l’homme ne semble pas avoir posé le pied…

Face à nous des plaines immenses où quelques troupeaux d’oryx et de zèbres se battent pour les rares pousses d’herbes, des montagnes, des formations rocheuses surnaturelles et une mer de dunes blondes… Ce paysage est éblouissant ! On se sent tout petits et tellement privilégiés d’être là…

 

Serra Cafema

Serra Cafema

Serra Cafema

Serra Cafema

Serra Cafema

 

Depuis la piste d’atterrissage irréelle qui est littéralement au milieu de nulle part, on roule une heure dans ces paysages incroyables et changeants avant de rejoindre la rivière Kunene où se trouve le lodge Serra Cafema. Le dernier tronçon est sportif puisqu’il s’agit de descendre à pic une immense dune de sable ! Contrairement à la rivière Hoanib, la rivière Kunene est inondée en permanence. Elle marque la frontière avec l’Angola qui se trouve juste de l’autre côté de la rive.

Le lodge est fabuleux. Posé sur cette rivière, il vient juste d’être rénové et ses 8 chambres immenses font face au cours d’eau qui s’écoule doucement. A chaque fois que je visite ce genre de lodge, je pense au challenge que doit être la logistique d’un tel endroit perdu au bout du monde…

 

Serra Cafema

Serra Cafema

Serra Cafema
Serra Cafema
Serra Cafema lodge 18
Serra Cafema

Les activités proposées ici sont multiples : game drive pour partir à la recherche de cette faune adaptées au désert (oryx, autruches, zèbres, springboks, chacals…), balade à pied ou en quad dans les dunes et tour en bateau sur la rivière où on aperçoit de nombreux crocodiles qui se prélassent sur les berges. Mais pour moi, le plus beau moment reste la visite d’un des villages de la tribu himba…

Rendre visite à ces tribus traditionnelles est toujours délicat (en Namibie, notamment les Bushmen, Himbas et Damaras). On tombe souvent dans quelque chose de très touristique et organisé. On est partagé entre la curiosité, l’émotion, l’envie d’approcher leur mode de vie ancestrale, la recherche d’authenticité et le soucis de ne pas participer à un rouage touristique qui viendrait fausser leurs traditions. La chance inouïe que nous avons en logeant à Serra Cafema, c’est de se retrouver en plein milieu du territoire himba, là où aucun touriste (mis à part ceux du lodge) n’arrive. On croise des dizaines de petits villages (se réduisant parfois à 2-3 huttes et un enclos pour le bétail) où les himbas vivent encore de manière totalement traditionnelle.

 

Serra Cafema

Serra Cafema

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Himbas 36

C’est dans l’un de ces villages que nous passons une après-midi. Une dizaine de huttes forment un grand cercle implanté au milieu de nulle part. Pas de point d’eau, pas de végétation, pas la moindre ombre sous laquelle se réfugier… Le sable et les collines pour seul horizon… Je pense qu’on peut difficilement imaginer un environnement plus diamétralement opposé à la campagne verdoyante de ma Belgique natale. Les femmes du village, sublimes reines guerrières recouvertes d’ocre rouge, viennent nous accueillir. Il y a peu d’hommes. Ils sont pour la plupart partis dans de lointains pâturages avec leurs troupeaux de boeufs. Des dizaines d’enfants sortent des huttes et viennent très vite jouer avec nous. Partout dans le monde, les enfants sont le meilleur lien pour nouer des contacts et très vite, des jeux s’installent. Les femmes nous montrent comment elles s’enduisent le corps de ce mélange d’ocre et de graisse qui leur sert à la fois de parure et de protection contre le soleil. La chef du village m’en applique sur le visage. J’ai l’air d’un clown et je fais beaucoup rire les enfants. Elles décident ensuite de me tresser les cheveux. Je suis assise parmi elles, avec des enfants qui courent tout autour et je profite de ce spectacle irréel. Je leur demande, par l’intermédiaire de notre guide-interprète, d’où viennent les énormes coquillages qu’elles portent en collier. La mer est bien loin de cet univers mais les coquillages se passent de génération en génération et viennent de leurs ancêtres du Congo. C’est un signe de grande richesse et un seul coquillage s’échange parfois contre un troupeau entier.

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Himbas 13
Himbas 58 CC

Dans le cadre du tournage, nous avons décidé de passer de nombreuses heures dans le village, beaucoup plus que ce que les autres visiteurs du lodge ne font habituellement. L’après-midi s’écoule doucement et passées les traditionnelles démonstrations de fabrication de l’ocre et des bijoux, tout ce petit monde reprend ses tâches et on est immergés dans la vie traditionnelle de la tribu. Quand le soleil commence à se coucher, les enfants partent jouer dans les dunes où il ne fait plus trop chaud, certains ramènent du bois, on allume le feu, on se passe des récipients de lait et on commence à cuisiner. C’est fou comme au fil des heures, on apprivoise cet environnement et ces visages qui commencent à nous paraitre familier. La nuit est tombée, les femmes chantent, les enfants continuent à jouer et nous quittons ce petit bout d’humanité à regret, le coeur rempli de toutes ces images et de ces quelques moments partagés…

 

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Himbas 22
Serra Cafema
Himbas 35

 

Kaokoland en pratique
  • Même pour les vétérans des trips en 4×4, l’exploration de la majeure partie de cette région (et surtout la Hartmann Valley) est quasi impossible. Les pistes et les infrastructures sont inexistantes et les distances immenses. En self-drive, il faut généralement se contenter d’arriver jusqu’à Opuwo et puis de rejoindre les très belles Epupa Falls. C’est déjà le bout du monde et une incroyable aventure !
  • Pour parcourir ces territoires vierges, il faut donc être accompagné d’un guide ou passer par des lodges qui ont réussi l’exploit incroyable de s’implanter au milieu de nulle part. On les rejoint en petit avion, ce qui est déjà une aventure en soi. Après avoir vu des dizaines d’endroits fabuleux en Afrique australe, je dois avouer que Serra Cafema fait clairement partie de notre Top 5. Ce lodge est incroyable, non seulement par le luxe inouï qu’il déploie au milieu du désert mais surtout pour l’expérience inoubliable qu’il offre.
  • Vous pouvez rencontrer des tribus himbas dans les environs d’Opuwo. C’est évidement une visite fascinante mais les conditions ne sont pas les mêmes que celles que nous avons eu la chance de vivre dans ces villages très très reculés qui ne voient quasi pas de touristes.
  • Un article très bien fait avec plein de détails sur les himbas et la manière de les rencontrer : http://passeportpourlemonde.fr/2017/09/rencontre-avec-le-peuple-himba-sequence-emotions.html
  • Pour en savoir plus sur ce peuple fascinant, je vous conseille de lire « Pieds nus sur la terre rouge » écrit par Solenn Bardet, qui a vécu de longs mois au coeur de ces tribus.

Serra Cafema

Serra Cafema
Serra Cafema
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Serra Cafema

 

Bilan

 

Nous arrivons au bout de cet incroyable voyage. Après 15 jours passés ensemble, Warren, Charles et Caroline sont devenus des amis. J’ai adoré voir l’envers du décor, côtoyer les équipes de Wilderness Safaris, assister à l’exploit quotidien que demande la gestion de ces lodges du bout du monde, mieux comprendre les liens avec les communautés locales et la stratégie du groupe. Se retrouver devant la caméra n’a pas toujours été facile mais c’est fascinant d’assister au tournage d’un film : chercher la meilleure lumière, capter un moment, une émotion, gérer la technique et les différents outils (Warren avait 2 caméras et un drone)… Ces 2 semaines ont été très intenses avec des levers aux aurores tous les jours, des milliers de kilomètres parcourus mais surtout tellement d’expériences inoubliables. Au final, ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la véritable passion que vouent toutes les personnes rencontrées à cette nature somptueuse et ce fascinant pays.

 

Infos et réservation

 

Si vous voulez réserver un voyage itinérant avec Wilderness Safaris, je vous conseille de contacter de ma part, Aurélie Ferrant (aurelie@totemtravel.be) de l’agence Totem TravelElle connait très bien les lodges de Wilderness et les adresses que j’affectionne en Namibie.

Et pour un tour accompagné beaucoup plus roots, en mode convoi de 4×4, camping-aventure, prenez part à un des voyages groupés ou privés organisés par Secret Safaris Africa. Vous serez emmené par Gilles (info@secretsafariafrica.com), un français basé en Afrique depuis toujours. Contactez-le de ma part, vous serez bien reçus!

Namibie

Behind the scene

 

Je termine cet article par quelques photos du « making of » de cette vidéo pour vous dévoiler un peu de l’envers du décor ! Encore 1000 mercis à Caroline, Charles, Warren et Wilderness Safaris de nous avoir embarqué dans cette aventure un peu folle !

Namibie

Merci à Caroline Culbert et Warren Smart de m’avoir permis d’utiliser certaines de leurs photos pour illustrer cet article.

 

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Namibie désert

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