Le lac Titicaca est un lac mythique aussi grand qu’une mer, à cheval sur le Pérou et la Bolivie et à plus de 3800m d’altitude, il est le plus haut lac navigable du monde. Selon la légende, c’est le berceau de la civilisation inca puisque le Dieu soleil y envoya son fils et sa fille sur terre pour y créer une civilisation à son image…
Ce lac immense est encore plein de mystères. On prétend que des citées y seraient peut-être enfouies ou qu’un roi inca y aurait coulé sa chaine de 400m de long d’or pur pour échapper à l’avidité des conquistadors espagnols…
Le peuple du lac est un peuple de pêcheurs et d’agriculteurs dont beaucoup vivent encore de manière traditionnelle, vénérant en même temps les saints catholiques et le dieu de la pluie incarné par les grenouilles géantes du lac. Ici, légendes et traditions sont encore bien vivantes et rythment le quotidien.
Pour tout savoir sur le Pérou en famille, rendez-vous sur mon article général : « Voyage en famille au Pérou : immanquables et guide pratique ».
Vue exceptionnelle sur les eaux miroitantes du lac Titicaca
Pour visiter cette région mythique, nous posons nos valises au sublime lodge Titilaka qui surplombe une petite péninsule sur le lac au milieu des plaines de l’Altiplano.
La vue sur les eaux émeraudes est époustouflante et on se sent très privilégiés d’être ici. Tout est d’ailleurs fait pour profiter à plein temps de ce cadre enchanteur : immenses baies vitrées et grands miroirs partout, terrasses au soleil couchant, jacuzzi au bord de l’eau…
La décoration est un mélange de design contemporain et d’objets et matériaux traditionnels. Tissus de la région, objets en joncs, peaux de lama et d’alpagas, oeuvres d’artistes péruviens… De nombreuses méridiennes installées face au lac invitent à la paresse et à la contemplation de cet environnement exceptionnel.
Les chambres sont superbes avec un lit où on pourrait presque dormir à 5 tant il est grand. Le lodge fait partie du même groupe que Cirqa où nous avions logé à Arequipa et on reconnait le même soucis du détail et toutes ces petites attentions qui font le vrai luxe d’un endroit.
A l’entrée de l’hôtel, sont suspendus tout un tas de déguisements folkloriques et de costumes traditionnels. Les filles les observent des étoiles dans les yeux et demandent timidement à la réception si elles peuvent les essayer. On leur répond que c’est justement fait pour ça ! Elles passeront une après-midi entière à tout essayer. C’est vraiment l’idée du siècle pour rendre un hôtel kids-friendly !
Le lodge organise tout un panel d’activités de quelques heures à la journée. Kayak, paddle ou tour en bateau sur le lac, découverte de la campagne de l’altiplano à vélo ou à pied, visite d’un marché traditionnel ou pique-nique au bord du l’eau. Mais le sommet d’un séjour à Titilaka est sans conteste la journée en bateau dans les iles. Ce fût une de nos plus belles journées de tour du monde et un souvenir inoubliable du Pérou.
Les iles flottantes du lac Titicaca
Nous embarquons sur un bateau privé et après 1h30 de navigation à paresser au soleil, nous apercevons enfin les fameuses iles flottantes et une embarcation traditionnelle faite de roseaux, vient à notre rencontre comme dans un rêve…
Nous grimpons sur ce petit bateau, d’une étonnante stabilité, qui nous emmène en silence au milieu des totoras, ces fameux roseaux du lac. Ceux-ci, présents en abondance, sont utilisés dans toute la vie quotidienne des habitants de ces iles : comme base de la nourriture, séchés pour en faire un combustible et élément principal servant à la fabrication des maisons, des bateaux et de tous les objets du quotidien.
Il faut 2 mois pour fabriquer un bateau traditionnel de roseaux (avec l’intérieur en bouteilles de plastique recyclé) et celui-ci pourra durer environ 3 ans. Notre guide, Walter, nous emmène découvrir «son» ile flottante. Une vingtaine de personnes, de 5 familles différentes, y vivent. Si à l’origine, c’est le peuple Uros qui habitait ces iles, ce sont aujourd’hui les Aymaras, descendants des incas qui y vivent.
Construire une ile prend une année entière et l’ile sera alors habitable pour des décennies. Il faut d’abord aller dans la réserve naturelle de marais, prélever des bloc de roseaux avec la terre et les racines. On les attache ensemble à l’aide de maillets et de cordages jusqu’à obtenir une plateforme d’une taille suffisante. Ensuite, on patiente 8 mois pendant lesquels les racines des roseaux vont faire leur oeuvre et souder ensemble ces différents morceaux. Enfin, il faudra couper de très grandes quantités de roseaux et les répartir en différentes couches sur le sol de l’ile. Cette opération sera d’ailleurs à refaire tous les mois (ou même 2 fois par mois en saison des pluies) pendant toute la durée de vie de l’ile. Pour finir par rendre l’ile habitable, ils rajoutent encore quelques couches à certains endroits et y construisent leurs cabanes en roseaux séchés. Seule concession à la modernité, l’ile dispose d’électricité grâce à des panneaux solaires.
Sur l’ile, les journées sont consacrées à la pêche, à la chasse (principalement des oiseaux), à couper et sécher les roseaux, fabriquer des objets et cuisiner sur la traditionnelle pierre flottante à l’aide d’une petite cuisinière en terre cuite. Le tourisme est évidemment venu s’ajouter à ce quotidien. Chaque semaine, les habitants de l’ile partent également échanger le produit de leur pêche avec des autres biens de nécessité au marché de Puno et les enfants vont tous les jours en bateau à l’école fondamentale du village le plus proche.
Après avoir acheté des bateaux miniatures en souvenir, nous quittons des étoiles plein les yeux, cette ile, sa petite communauté accueillante et son mode de vie tellement éloigné de tout ce que nous connaissons…
L’envoutante ile de Taquile
Nous naviguons encore un peu pour arriver à l’ile de Taquile connue pour son mode de vie ancestrale et ses hommes qui tissent à 4 aiguilles. Les habitants de l’ile très fiers de de leur patrimoine culturel et de leurs traditions, vivent selon le code inca : « Ama suwa, ama llulla, ama qilla » : «tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas et ne seras pas paresseux ».
Le Nord de l’ile est assez touristique mais nous débarquons au Sud et nous nous baladons pendant une heure sans rencontrer aucun voyageur. Nous croisons, par contre, des paysans qui retournent la terre à la main et des hommes et des femmes tous en tenues traditionnelles qui tissent ou filent la laine en marchant.
L’ile est magnifique avec ses centaines de terrasses, ses champs et ses potagers fleuris qui contrastent avec les eaux émeraudes du lac mythique. Il faut parfois se pincer pour réaliser que nous sommes sur une ile à 4000m d’altitude...
Nous arrivons dans une petite maison familiale avec une vue à couper le souffle. Alicia et son mari nous reçoivent pour un déjeuner traditionnel fait d’une multitude de petits plats typiques et délicieux.
Pendant le déjeuner, nous assistons à une démonstration de tissage et on nous explique surtout les nombreux codes et significations que revêt cet art ancestral. On découvre, par exemple, le bonnet de « demande en mariage » que le garçon doit avoir pris le temps de tisser avant de venir trouver la famille de sa promise. Ses beaux-parents testeront ses qualités de tisseur et son sérieux en faisant passer plusieurs tests à son bonnet qui doit être tissé de points si serrés qu’il doit pouvoir contenir de l’eau… Ce n’est qu’une fois ces tests passés que les fiançailles seront officialisées.
L’homme marié portera ensuite toute sa vie à la taille une grosse ceinture tissée par sa femme reprenant en broderie « ses promesses » de mariage pour que jamais il ne les oublie… Comme le nombre d’enfants qu’ils comptent avoir, la maison, le bateau, les cultures de mais ou de pomme de terre qu’il promet à sa femme… Cette ceinture est finie par un savant tissage de laine de lama et de cheveux de sa promise….
On reprend ensuite notre balade sur cette ile magique qui nous envoûte complètement par ses vues, ses collines vertes, le bleu limpide de l’eau et du ciel et le sourire de ses habitants…
De retour à l’hôtel, les filles s’empressent d’utiliser leurs petits bateaux achetés sur l’ile, les tipis en roseaux trouvés au lodge et les minis cuisines en terre cuite reçues à notre arrivée pour s’inventer leurs iles flottantes et tout le petit monde imaginaire qui l’entoure…
Titilaka en pratique
La région du lac Titicaca est accessible en train (jusqu’à Puno) ou en avion (jusqu’à l’aeroport de Juliaca). Je vous conseille d’y passer minimum 2 nuits.
Pour ce voyage, nous avons eu la chance d’être très bien conseillés par Aurélie Ferrant de l’agence Totem Travel Experiences qui organise des voyages sur-mesure très haut de gamme en Amérique du Sud! N’hésitez pas à la contacter de ma part : aurelie@totemtravel.be
Note : Nous avons eu l’immense chance d’être invités par Titilaka pour ce séjour. Néanmoins, les impressions exprimées dans cet article le sont en totale indépendance et reflètent notre expérience personnelle dans ce lodge.
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