Il y a des rencontres qui sont vraiment prédestinées… C’est ce que je me suis dit en voyant la voiture des Zapp garée exactement devant la maison que nous louions à Trancoso, un petit village de pêcheurs au fin fond du Brésil…

Pour les passionnés de voyages, cette famille est une légende… Ces deux argentins sont partis, jeunes mariés, en 2000 avec une voiture Graham Paige de 1928 pour un voyage qui devait durer 6 mois et les amener de l’Argentine à l’Alaska. Déjà à l’époque, tout le monde les a pris pour des fous. Ils n’avaient aucune notion de mécanique et la voiture est tombée en panne au bout de 50km à peine… Vingt ans plus tard, ils sont toujours sur les routes et 4 enfants sont venus s’ajouter à l’aventure… Ils vivent des ventes de leur livre et poursuivent leur rêve et leurs rencontres à travers le monde… J’avais lu des articles sur eux et les suivais de loin sur Facebook jusqu’à ce que je les découvre garés juste devant chez nous…

Je griffonne à la hâte un petit mot que je glisse sur leur pare-brise en leur proposant de venir prendre un verre ou un diner chez nous et trente minutes plus tard, ils sont sur notre terrasse et nous faisons connaissance ! Les Zapp, ce sont Herman et Candelaria, les parents et Pampa, Tehue, Paloma et Walabi, les 4 enfants de 17 à 10 ans, tous nés dans des pays différents pendant ces 20 ans de voyage. Pas besoin de briser la glace, le contact est évidemment très facile puisqu’ils vont de rencontres en rencontres et se nourrissent de cela. Les enfants s’entendent tout de suite très bien et ça saute dans la piscine dans un mélange d’anglais, d’espagnol et de français. A la fin de la soirée qui se prolonge tard, Paloma et Walabi, les deux plus jeunes, restent dormir chez nous et on décide de se revoir le lendemain à la plage.

Leur vieille Graham Page fait maintenant partie de la famille. C’est un ancêtre qui voyage très lentement, qui a des pannes fréquentes mais toujours réparables facilement. Pas d’électronique, ici tout est simple (ou presque)… Au fil des ans, ils l’ont aménagée pour contenir toute la famille et tout ce qu’ils possèdent. Pour la nuit, une grande tente se déplie sur le toit pour les 4 enfants alors que les parents dorment sur les banquettes arrières qui peuvent se transformer en lit. Ils transportent aussi quelques vélos, du matériel de camping (chaises, table, réchaud…) et de quoi cuisiner (mais pas de frigo). Avec cette voiture, ils ont traversé les 5 continents et connu des terrains et des climats extrêmes, de la neige d’Alaska aux 50 degré au Soudan. La voiture a traversé des fleuves et des océans sur des embarcations aussi variées qu’improbables comme un radeau de fortune pour descendre le fleuve Amazone ou un ancien voilier en bois sur lequel ils ont navigué plusieurs semaines de l’Europe à la Guyane.

Ils ne campent finalement qu’assez rarement. Dans certaines régions isolées (en Afrique, Australie) ou bien comme étape sur la route. Dans 95% des cas, ils logent chez l’habitant. Partout où ils passent, leur équipage hors du commun attire la sympathie et la curiosité. Ils prennent toujours le temps d’engager la conversation, de répondre aux 1000 questions que les gens se posent et de faire visiter la voiture. Ils partagent leur histoire et leur grand rêve et croulent généralement de propositions pour passer quelques nuits par-ci ou par-là. Ils sont aussi énormément suivis sur les réseaux sociaux et ont souvent des rendez-vous, des familles qui les attendent sur la route et sont prêtes à les recevoir.

Leur voyage est une extraordinaire histoire de partages et de générosité. En Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, ce sont parfois des familles très pauvres qui leur ont ouvert leurs portes ou leur ont offert de se joindre à leurs maigres repas. Chacune de ces personnes restent gravée dans leur coeur et leur livre comporte d’ailleurs dans ses dernières pages les noms de milliers de personnes qu’ils tenaient à remercier pour ces instants partagés. Ils se nourrissent vraiment de ces rencontres et comme ils n’ont aucune limite de temps ou itinéraire fixe, ils se laissent souvent porter par le hasard et suivent leur instinct pour profiter de tous ces moments précieux et de ce que la route a à offrir…

C’est comme ça que d’un simple mot sur leur pare-brise les invitant à prendre un verre, ils sont finalement restés 4 jours chez nous…

Ce sont de vrais rêveurs, des idéalistes au grand coeur qui poursuivent leur route en refusant de rentrer dans un cadre ou de brader leur rêve. Après quelques mois de voyage, ils se sont retrouvés sans ressource et ont commencé à chercher des sponsors mais n’ont rencontré que des portes closes. Avec le recul, ils pensent aujourd’hui que c’est la meilleure chose qui leur soit arrivée parce qu’ils ont dû se débrouiller, faire des petits boulots (Cande peint très bien, Herman a commencé l’écriture de leur livre) et au final, ils ont gardé leur liberté.

Aujourd’hui, les sponsors se poussent au portillon mais ils sont systématiquement refusés par les Zapp qui refusent de vendre leur rêve. Ils ont juste reçu les pneus de Michelin mais comme pure acte de générosité parce qu’ils ont dès le début annoncé qu’ils ne feraient aucune pub, n’apposeraient même pas un sticker sur la voiture… Des vrais idéalistes, je vous disais…

Leur devise ? « La vie est trop courte pour ne pas poursuivre ses rêves… ». Ils ne savent pas de quoi ils vont vivre à l’avenir mais savent pour quoi ils veulent vivre et c’est le plus important. Ils ont d’ailleurs une confiance absolue en la vie et sont persuadés qu’il n’y a jamais de problème, que des défis et que le destin mettra toujours des solutions sur leur chemin… Jusqu’à présent cette philosophie leur a toujours réussi. Comme pour la naissance de Pampa, leur premier enfant, aux USA où ils se trouvaient en route vers l’Alaska avec de trop maigres ressources pour payer un accouchement et aucune assurance médicale. Un journal leur propose une interview et envoie sa stagiaire pour qu’elle écrive son premier texte. Leur récit fait finalement la une de l’édition du dimanche avec un petit encadré donnant leur numéro de téléphone pour éventuellement leur apporter une aide matérielle. Dès le lendemain, le téléphone de leur petit appartement n’a pas arrêté de sonner pour leur proposer l’aide gratuite d’une sage femme, des vêtements de bébé, un médecin… Cette générosité, ils l’ont rencontrée partout en 20 ans, de la part de gens riches mais aussi de gens extrêmement pauvres, comme si c’était une manière pour toutes ces personnes de s’associer à ce beau rêve, d’y prendre un peu part eux aussi…

Les enfants de la famille suivent une éducation à distance qu’assure avec beaucoup de sérieux Candelaria. Elle suit de manière stricte le programme argentin, même si le monde est leur vaste école. Tous les 3 ans, ils rentrent pour quelques mois voir leur famille en Argentine et à cette occasion, les enfants passent souvent un peu de temps à l’école où ils se sentent très à l’aise tant au niveau de la matière que des relations sociales (il faut dire qu’avec toutes ces rencontres, ils sont les rois de la sociabilité). Depuis un an, Pampa, 17 ans a quitté la famille pour connaitre 2 années de scolarisation normale en Argentine. Il avait vraiment envie de l’expérimenter et ça se passe très bien.

Après 20 ans sur les routes, la famille Zapp s’apprête à retourner au pays et enfin s’installer dans la petite maison dont ils sont toujours propriétaire. On sent qu’ils ont envie de poser leur valises et d’expérimenter cette vie sédentaire qui nous semble très banale mais qui est très exotique pour eux… Les enfants sont ravis d’aller à l’école, retrouver leurs cousins, se faire des amis sur du plus long terme et avoir une chambre vraiment à eux et un chien ! Enfin, pour quelques temps en tous cas parce qu’Herman a déjà des grands rêves de traversées en voilier (Candelaria a dit qu’il ferait ça seul!)… Suite au prochain épisode… !

En savoir plus sur la famille Zapp :

Pour suivre cette extraordinaire famille, rendez-vous sur leur chaine Youtube, leur page Facebook et surtout sur leur site pour commander leur livre « Attrape ton rêve », traduit dans de nombreuses langues. C’est la meilleure manière de comprendre ce qui les anime et de s’associer à cette incroyable aventure…

Merci à la famille Zapp de m’avoir autorisé à utiliser certaines de leurs photos dans cet article.

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