C’est l’histoire d’un grand homme que je voudrais vous raconter aujourd’hui… Un amoureux de l’Afrique et de sa faune, visionnaire engagé, père de l’éco-tourisme et des safaris responsables…
Norman Joseph Carr est né en 1912 à Chinde, ancienne concession britannique au coeur de la colonie portugaise de l’actuel Mozambique. Après des études en Angleterre, il retrouve sa chère Afrique. Excellent chasseur, il est nommé en 1930 comme « Elephant Control Officer » dans la Vallée de Luangwa en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie). Son rôle consiste principalement à contrôler la population d’éléphants de la région pour éviter qu’ils détruisent les cultures des tribus locales et il a à peine 20 ans quand il abat son cinquantième éléphant…
Pourtant, il rêve d’autre chose… Il voudrait protéger la faune tout en aidant les communautés locales. En 1950, il passe un accord avec le grand chef tribal de la région. Il se propose d’emmener quelques touristes dans le parc en échange d’une somme reversée aux populations locales. Il fait construire 6 huttes toutes simples au milieu du parc et propose à ses premiers clients non pas de venir chasser mais de venir photographier les animaux. Une idée toute simple mais révolutionnaire pour l’époque. C’est le début de l’éco-tourisme en Afrique et des safaris tels qu’on les connait aujourd’hui.
Fort de son succès, il oeuvre à la création de parcs nationaux protégés, fait construire d’autres petits campements en pleine nature et développe le concept des safaris à pied. Pour lui, on ne connait un pays que si on l’a parcouru à pied. Il part d’ailleurs seul pendant plusieurs mois traverser la Rhodésie à pied avec pour seul bagage un petit sac contenant des sachets de thé et des réserves de quinine.
A la fin des années 50, il recueille 2 lionceaux abandonnés, Big Boy et Little Boy et les élève afin de les rendre à la vie sauvage. En 1961, ses Boys sont relâches avec succès dans le parc de North Luangwa. Il raconta d’ailleurs l’histoire de cette réinsertion réussie dans son livre « Return to the Wild ».
Dans les années 70, alarmé par les dégâts causés par le braconnage, Norman Carr mobilise l’opinion publique en créant la première campagne « Save the Rhino ». Malheureusement, malgré son travail, le parc de South Luangwa est aujourd’hui vidé de l’entièreté de sa population de rhinoceros.
Toute sa vie, Norman Carr continua à accompagner des touristes à la découverte de la faune de Zambie, à transmettre son savoir en formant de nombreux Rangers et à s’assurer que les retombées de ce tourisme reviennent bien aux communautés locales. L’éducation était aussi un des piliers de son travail. Il emmenait souvent des écoliers visiter les parcs pour leur montrer la richesse de cet héritage et l’importance de le préserver.
Sa vision des safaris responsables, au plus proche de la nature, est encore pleinement présente dans les camps et lodges qui portent son nom et qui appartiennent au groupe Time + Tide. Chaque Ranger rencontré dans ces camps, nous a parlé de cet esprit, cet héritage et de la fierté d’avoir été formé à l’école de Norman Carr.
A la fin de ses jours, les Zambiens le surnommaient affectueusement « Kakuli » – le vieux buffle. Décédé à Johannesburg en 1997, à l’âge de 84 ans, il repose dans le parc de South Luangwa qu’il aimait tant, à l’ombre de grands ébéniers, sous une pierre tombale toute simple où sont représentés ses deux lions.
Toutes les photos de cet article sont issues du livre « Return to the Wild » de Norman Carr.
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Une histoire comme je les aime et qui donne envie de revenir en Afrique…